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Contrairement aux énergies renouvelables, les centrales nucléaires ne sont pas une solution à nos problèmes

Fin décembre, la centrale nucléaire de Mühleberg sera définitivement déconnectée du réseau. Il est grand temps de prendre au sérieux la transformation du système énergétique suisse.

L’Association suisse pour l’énergie solaire SSES rejette clairement la proposition de nouvelles centrales nucléaires en Suisse faite par Madame Magdalena Martullo-Blocher dans le Blick. L’apport de l’énergie solaire peut être bien plus important, surtout en hiver, que ne le prétend la conseillère nationale UDC.

La SSES partage l’avis de la conseillère nationale UDC Magdalena Martullo-Blocher sur un point essentiel : la Suisse doit tout d’abord mieux s’organiser. Compter sur les importations de l’étranger n’est pas une stratégie valable pour garantir la sécurité d’approvisionnement. Prolonger la durée d’exploitation des centrales nucléaires existantes ou même exiger de nouvelles centrales nucléaires est une approche hautement problématique et improductive en termes de sécurité d’approvisionnement et également pour résoudre la crise climatique.

Les délais et les coûts de construction des centrales nucléaires dépassent de loin ceux de toutes les autres technologies. Dans le cas de la centrale nucléaire de Hinkley Point C, en construction depuis de nombreuses années, l’État britannique garantit un prix de l’électricité de 13 centimes par kWh pendant 35 ans, la compensation de l’inflation, la prise en charge des risques pour les coûts du démantèlement et du stockage définitif des déchets nucléaires, qui n’est toujours pas résolu. D’ailleurs la question de leur stockage définitif n’est toujours pas résolue en Suisse non plus et l’exportation des déchets serait une erreur.
En outre, l’empreinte climatique de l’énergie nucléaire – contrairement à ce qui est souvent affirmé – n’est pas négligeable. Cela est dû à l’extraction et au traitement de l’uranium, aux gaz ionisants et radioactifs émis pendant l’exploitation et le retraitement, ainsi qu’au démantèlement et au stockage final.
L’énergie solaire est nettement moins chère, même en incluant le stockage saisonnier. L’Allemagne montre que c’est effectivement le cas : au cours des huit dernières années, l’augmentation de la puissance d’énergie solaire installée a été de 75 fois celle de la centrale nucléaire de Beznau I, et fournit annuellement plus d’énergie que les quatre centrales nucléaires suisses réunies. Le développement de l’énergie solaire est bien moins coûteux et ne comporte pas le risque élevé qu’entraînerait une prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires suisses.

L’affirmation selon laquelle le photovoltaïque ne peut rien apporter à l’approvisionnement en hiver est tout simplement fausse. L’Office fédéral de l’énergie a déterminé qu’il est possible d’augmenter de 22 % la part d’électricité photovoltaïque en hiver. Pour cela, il faudrait toutefois que les systèmes de façade soient enfin autorisés comme les systèmes en toiture. Si l’on considère les centrales photovoltaïques en haute altitude, la part d’électricité hivernale peut même atteindre 50%. Afin de garantir la construction de ces centrales, il faut modifier les conditions cadres réglementaires pour favoriser la production hivernale photovoltaïque. En outre pour répondre aux besoins il ne faut pas oublier les apports des autres énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.