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Protection et sécurité de l’approvisionnement énergétique vont de pair

Foto: Beat Kohler

Il est grand temps de prendre des mesures claires en faveur d’une Suisse neutre sur le plan climatique. La loi en matière de protection du climat, qui bénéficie d’un large soutien, fixe des objectifs contraignants pour atteindre un bilan net nul d’ici à 2050. Elle met à disposition des moyens pour encourager l’innovation, pour prendre des mesures visant à réduire les émissions de CO2 et pour atténuer les effets du changement climatique. Avec la loi sur l’électricité et l’énergie, nous sommes sur la dernière ligne droite au Parlement avec un complément parfait à la loi en matière de protection du climat.

Texte : Jürg Grossen

Il y a bientôt huit ans, la Suisse signait l’Accord de Paris sur le climat. L’objectif était de limiter le réchauffement de la planète, néfaste pour l’homme et l’environnement, à un niveau nettement inférieur à 2 °C, avec une augmentation maximale de la température de 1,5 °C. Sur le plan politique, il manque jusqu’à présent des objectifs clairs et des mesures efficaces pour réduire les émissions de CO2. La loi sur le CO2, qui aurait apporté une contribution importante dans ce domaine, a été rejetée de justesse par la population en été 2021.
La Suisse a besoin d’un approvisionnement énergétique sûr et climatiquement neutre. L’ère des énergies fossiles est révolue, l’avenir appartient aux énergies renouvelables. Cela signifie que la Suisse doit aller de l’avant avec les piliers des énergies renouvelables que sont le soleil, le vent, l’eau, la biomasse et la géothermie. L’hiver dernier a également montré qu’il y a encore beaucoup à faire afin de progresser sur la voie de la sécurité de l’approvisionnement. Le mix énergétique durable de l’avenir dépend de l’interaction de tous ces piliers. L’abandon du pétrole, du gaz et de l’uranium permet d’économiser les coûts élevés d’importation de l’énergie et de créer une plus grande indépendance vis-à-vis des régimes non démocratiques.
Au Parlement, nous avons donc adopté l’automne dernier, dans le cadre d’une large alliance, la loi sur la protection du climat comme contre-projet indirect à l’initiative pour les glaciers. La loi est pragmatique et ancre pour la première fois l’objectif net zéro 2050 à l’échelle nationale, ce qui signifie que la Suisse ne doit pas émettre davantage de gaz à effet de serre que ce que les réservoirs naturels et techniques de CO2 peuvent absorber d’ici 2050. Des objectifs intermédiaires contraignants et des valeurs indicatives sont fixés pour les secteurs qui émettent le plus de CO2, à savoir les bâtiments, l’industrie et les transports.

Aller de l’avant avec l’innovation et la promotion

Chaque branche et chaque secteur est confronté à des défis particuliers pour progresser sur la voie de la neutralité climatique et peut trouver sa propre voie. La loi se concentre particulièrement sur trois piliers :
Premièrement, la protection du climat est synonyme d’innovation. La loi sur la protection du climat encourage les investissements dans la recherche et le développement à hauteur de 1,2 milliard de francs d’ici 2030. Des incitations financières encouragent nos entreprises à miser sur des technologies et des processus nouveaux et plus respectueux du climat. Le risque d’investissement pour les entreprises est ainsi réduit, tout en favorisant le développement et l’ancrage des technologies. La Suisse est particulièrement bien placée dans ce domaine. Grâce à nos entreprises innovantes et à nos universités de pointe, nous pouvons jouer un rôle de leader international dans la mise en œuvre de nouvelles technologies respectueuses du climat. Cela a pour effet secondaire positif de créer de la prospérité et des emplois en Suisse.
Deuxièmement, protéger le climat ne ­signifie pas gaspiller. Les bâtiments consomment environ 45 % de l’énergie totale, c’est pourquoi les rénovations de bâtiments sont essentielles. La loi sur la protection du climat prévoit donc un programme d’impulsion pour la transformation écologique et y consacre 2 milliards de francs répartis sur dix ans. Ces fonds sont notamment destinés au remplacement des chauffages électriques inefficaces ainsi que des chauffages au mazout et au gaz par des pompes à chaleur modernes. D’autre part, l’efficacité énergétique des bâtiments sera encouragée.
Troisièmement, la protection du climat signifie être un modèle. La Confédération ne doit pas seulement fixer des objectifs, elle doit aussi faire ses devoirs. C’est pourquoi l’Administration fédérale doit atteindre l’objectif zéro net d’ici 2040. C’est non seulement réaliste, mais aussi nécessaire. Les solutions de la Confédération peuvent montrer aux cantons et à l’économie comment nous pouvons atteindre la neutralité climatique.

Loi sur l’électricité et l’énergie : un approvisionnement en électricité suffisant et sûr est essentiel

Avec la révision de la loi sur l’électricité et l’énergie, le Parlement a pris des mesures pionnières pour l’approvisionnement en énergies renouvelables indigènes. Ce complément à la loi sur la protection du climat permet d’améliorer les conditions-cadres pour le développement de l’énergie hydraulique et éolienne, et en particulier de l’énergie solaire. La Suisse consomme chaque année environ 60 térawattheures (TWh) d’électricité. A l’avenir, cette consommation augmentera encore légèrement malgré l’efficacité, car les voitures à moteur à combustion seront remplacées par des voitures électriques et les chauffages au mazout seront généralement remplacés par des pompes à chaleur, en plus des chauffages au bois. Le Parlement a donc décidé sans opposition de réaliser 45 TWh supplémentaires de production d’électricité renouvelable indigène d’ici 2050. Les conditions pour le développement de l’énergie hydraulique et éolienne ainsi que pour les installations solaires alpines ont été améliorées. Les experts s’attendent à ce que ces sources d’énergie produisent environ 10 à 15 TWh d’ici 2050, les 30 à 35 TWh restants devant être produits principalement par l’énergie solaire sur et autour des bâtiments. Nous avons en outre décidé d’apporter des améliorations passionnantes sur la base de l’économie de marché. Ainsi, il doit être possible à l’avenir de vendre de l’électricité solaire dans le voisinage sans frais de réseau, et dans le quartier élargi avec des frais de réseau réduits. C’est conforme au principe du pollueur-payeur et raisonnable d’un point de vue physique, car la production et la consommation d’électricité sont ainsi harmonisées de manière optimale dans le quartier. Les locataires peuvent ainsi eux aussi profiter d’une électricité locale bon marché. Ces regroupements virtuels pour la consommation propre (RCP) et les communautés locales d’électricité (LEG) incitent en outre à équiper des toits entiers et des façades appropriées de panneaux photovoltaïques. Des tarifs de rachat minimaux garantis pour l’électricité solaire injectée dans le réseau ont également été décidés.
Les mesures visant à améliorer l’efficacité énergétique revêtent une grande importance. Il ne s’agit pas de renoncer à l’énergie. L’objectif est de consommer autant que possible les kilowattheures uniquement là où ils sont vraiment nécessaires et de ne pas les gaspiller inutilement. Selon l’Office fédéral de l’énergie, il est possible d’économiser environ 40 pour cent de l’électricité sans perte de confort.

Le stockage est central

Le stockage est un élément important pour un approvisionnement en électricité sûr tout au long de l’année. D’une part, le stockage journalier et à long terme se fait comme jusqu’à présent avec des accumulateurs par pompage. D’autre part, cette possibilité est complétée par l’utilisation de batteries dans les bâtiments et de batteries dans les voitures électriques. Une étude de l’EPF de Zurich montre que le tournant énergétique peut ainsi être réalisé de manière plus avantageuse et plus sûre que de continuer comme avant. Le stockage de l’été vers l’hiver peut se faire avec des barrages plus élevés au niveau des centrales hydroélectriques et avec le « Power-to-X ». Nous pouvons ainsi transformer l’électricité excédentaire issue de sources renouvelables en carburant synthétique en été. Ce carburant « vert » peut être reconverti en électricité en hiver et combler ainsi le déficit hivernal. Cela garantit un approvisionnement énergétique fiable et climatiquement neutre dans toute la Suisse. Tant pour le stockage à court terme qu’à long terme, nous avons considérablement amélioré les conditions dans la loi.
Toutes ces mesures garantissent un approvisionnement énergétique neutre en CO2, renouvelable et sûr. La protection du climat et un approvisionnement énergétique sûr vont donc de pair.

Pour une Suisse en bonne santé

Nous sommes déjà tous concernés par le changement climatique. En Suisse, les températures augmentent deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Les phénomènes météorologiques extrêmes sont également en augmentation. Les vagues de chaleur entraînent des décès, la disparition du permafrost provoque des glissements de terrain, l’agriculture et la nature luttent contre les périodes de sécheresse, les forêts protectrices souffrent et la disparition des glaciers a des conséquences sur nos lacs de retenue et nos rivières. La loi sur la protection du climat s’attaque à ce problème et concrétise le mandat explicite de la Confédération et des cantons de prendre les mesures nécessaires pour protéger la population et la nature afin d’éviter les dommages liés au climat.
L’objectif principal reste de limiter au maximum le changement climatique. Un climat sain est la condition préalable à une population et une nature en bonne santé. Nous en profitons tous : la nature, l’économie et surtout nous, les Suisses. La loi sur la protection du climat, qui bénéficie d’un large soutien, amorce les premières étapes pour que le climat reste sain. Il n’est pas encore trop tard, mais il est grand temps. Un oui le 18 juin est donc essentiel.

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